De l’eau pour les amandiers ?

par | Jan 21, 2021 | Actualités, Agronomie, Irrigation

L’amandier est un arbre méditerranéen, avec de faibles besoins d’irrigation !

L’amandier est un arbre qui, traditionnellement, dans nos contrées provençales ou occitanes n’était pas irrigué. C’était un arbre complanté souvent dans les parcelles de blé ou avec la vigne et l’olivier, alors qu’on le trouvait surtout dans les parcelles difficiles impropres aux cultures. S’il produisait une année, c’est-à-dire qu’il n’avait pas gelé et n’était pas limité par le phénomène de l’alternance, c’était un plus pour la ferme et la production. Mais comme toute culture méditerranéenne la récolte devenait abondante en cas d’année pluvieuse.  En agronomie on parle de résilience de l’arbre et de forte adaptation au climat.

Alors vos vergers seront-ils irrigués ?

Quand nous avons mis en place notre projet la question de l’irrigation est venue très vite. Dans le contexte climatique actuel, avec l’incertitude des sécheresses à venir, et pour assurer et garantir des récoltes suffisantes pour rémunérer nos agriculteurs il est indispensable d’assurer une irrigation de petit appoint et intermittente. L’amandier est un arbre qui sait très bien réagir à l’irrigation, et en tirer une vigueur supplémentaire. Les vergers de nos agriculteurs partenaires doivent avoir un accès à l’eau et pouvoir irriguer, mais de manière réfléchie, contrôlée et pilotée.

Allons-nous faire comme en Californie, appauvrir nos ressources en eau et dessécher nos rivières ?

Les échos de la situation californienne (première région productrice mondiale) sont très inquiétants et laissent penser à tort que l’amandier est un gros consommateur d’eau. En effet le système de production californien est intensif, sur des étendues à l’américaine (une seule parcelle peut facilement s’étendre sur plusieurs dizaines d’hectares d’un seul tenant). Dans un climat aride et désertique, avec des températures qui dépassent régulièrement 40 degrés, ces vergers intensifs sont irrigués, certains par inondation, d’autres par aspersion à partir de forages souvent très profonds. Les volumes appliqués atteignent selon les références connues plus de 10 000 m3 à l’hectare, un volume insensé. Aussi la culture d’amandier est-elle souvent associée à une consommation importante d’eau, qui devient un problème écologique et politique majeur en Californie. Cette surconsommation d’eau en Californie s’explique notamment par :

  • La volonté de maximiser les rendements qui atteignent communément 3 tonnes / Ha, soit trois fois plus que dans nos vergers conventionnels, mais avec des variétés différentes.
  • L’étendue des exploitations -dont certaines atteignent plusieurs milliers d’hectares, des surfaces inimaginables en France- qui augmente le besoin en eau.
  • Les règles de droit différentes. Les américains étant propriétaires de leur sous-sol et des nappes phréatiques, il n’y a pas de gestion collective de la ressource en eau comme nous l’organisons. Pour nous européens et surtout méditerranéens, habitués depuis l’antiquité à la gestion collective de cette ressource rare, cette gestion individualiste est absurde. Cette problématique de la ressource en eau est à l’origine de tensions sociales et de conflits entre l’alimentation des villes (y compris Los Angeles par exemple) et les forages pour l’usage industriel ou pour l’agriculture.

Notre démarche agronomique est tout autre :

  • Nous voulons irriguer marginalement nos vergers pour leur apporter une durabilité, favoriser la résilience des arbres en cas de sécheresse et régulariser les rendements. Tous nos vergers seront irrigués par micro-irrigation (goutte-à-goutte ou micro-jet) et pilotés informatiquement avec des sondes dans le sol pour limiter l’apport en eau au strict besoin réel.
  • Nos vergers sont beaucoup plus petits que les vergers américains, avec des variétés à coques dures plus résistantes que les variétés américaines, et des rendements plus faibles.
  • Mais surtout nous privilégierons toujours une ressource pérenne, notamment dans des eaux de surface, de préférence dans des réseaux collectifs, et en respectant les prélèvements et les débits réservés à conserver dans les rivières.

Si l’on veut engager les vergers dans l’agroécologie, redynamiser les sols, assurer une couverture inter-rang et augmenter la captation de carbone l’apport en eau d’irrigation est indispensable en climat méditerranéen.

Quelle sera donc la consommation en eau de nos vergers ?

Nous faisons une évaluation des besoins de l’amandier et du verger dans sa totalité, en préalable à chaque projet, en fonction du contexte climatique et des types d’irrigations. Nous ne souhaitons pas irriguer à plus de 85% de la « demande climatique » (l’évapotranspiration ou ETP).

Cette évaluation nous donne des besoins qui, selon les contextes météorologiques, s’échelonnent entre 2500 et 4000 m3/ha et par an.  Cela représente seulement 15 à 30% maximum de la consommation d’un verger d’amandier américain et moins de 70 % des volumes d’irrigation d’un verger planté en région méditerranéenne avec une autre espèce, comme la pomme, la poire, ou la pêche.

L’important dans la consommation en eau est sa gestion, de ne pas prélever sur des ressources souterraines au détriment de l’alimentation humaine ou des systèmes environnementaux. La bonne garantie de l’accès à une ressource gérée et contrôlée est donc primordiale !

Consommer de l’amande française au lieu de l’amande américaine ou australienne, c’est diviser par 3 la consommation d’eau nécessaire à la production.

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