Eurytoma amygdali -appelé parfois « la guêpe de l’amandier » est un hyménoptère ravageur de l’amandier apparu en France dans les années 1980 et existant de façon endémique dans le midi méditerranéen. Ce ravageur vient piquer le jeune fruit, lorsque la coque est encore tendre, et sa larve de développe en se nourrissant de l’amandon. Lorsqu’un verger est attaqué, toute la récolte est perdue. Il existe des moyens de protection par insecticide, mais la Compagnie des Amandes veut développer une production Bio qui implique de trouver un moyen naturel de lutte contre cet insecte.
L’amandier, comme tout organisme végétal, émet des molécules appelées « composés organiques volatils » (COV). Les COV remplissent différents rôles chez les plantes : la défense, la reproduction, la communication. Chez l’amandier, lors de la libération des COV dans l’air, certains vont attirer la guêpe, lui permettant ainsi de pondre dans l’amande : ce sont les kairomones. Actuellement la composition précise de ces kairomones reste inconnue. Or, en découvrant l’identité de ces molécules et leurs dosages précis, il serait possible de mettre en place un moyen de lutte biologique dans les vergers et limiter les pesticides : les pièges à phéromones.
C’est dans ce but que la Compagnie des amandes, le CNRS et l’INRAe ont établi une collaboration par le biais d’une thèse CIFRE en écologie chimique menée par Anjélica Leconte. Ce projet, réalisé sur trois ans, consiste à trouver les molécules responsables de l’attraction d’Eurytoma amygdali. Le déroulement de la thèse s’établit en trois parties distinctes : identifier et quantifier les COV émis par l’amandier, trouver parmi la liste de COV lesquels sont détectés par la guêpe, puis ceux présentant une activité kairomonale, c’est-à-dire une attraction.
Le projet a débuté depuis un an au CEFE (CNRS – Montpellier) en janvier 2021, sous la supervision de Michael Staudt. Un dispositif sur mesure a été mis en place pour prélever les COV de l’amandier émis par les différents organes : fleurs, fruits et feuilles. Plusieurs protocoles expérimentaux en laboratoire ont été réalisés de mi-février (début de la période de floraison), à fin mai (fin de la période de ponte). Une soixantaine de composés ont été trouvés et identifiés sur plus de 300 prélèvements. Ces composés étant identifiés, il reste encore l’étape de quantification, c’est-à-dire connaître en quelle quantité chaque composé est émis. Par la suite, à partir de janvier 2022, la thèse se poursuivra à l’INRAe Versailles supervisée par Philippe Lucas durant deux ans. À partir des molécules identifiées au CEFE, nous ferons de l’éléctroantennographie (EAG) pour savoir quelles molécules sont détectées et à quelle dose par les antennes de la guêpe, qui leur font office de « nez ». Une fois cette liste de composés établie, nous pourrons étudier le comportement des femelles par olfactométrie afin de découvrir quelles sont les molécules possédant un pouvoir attractif. Ce n’est qu’une fois toutes ces étapes accomplies qu’il sera envisageable de réaliser des tests dans les vergers dans l’espoir de limiter les populations d’Eurytoma amygdali par un moyen naturel de piégeage.